De la Russie à la Normandie
La comtesse de Ségur est née en Russie et rappela toute sa vie cette origine russe en signant « Comtesse de Ségur, née Rostopchine ». Pourtant, c’est en français qu’elle écrit, avec une liberté de style que fait sa marque de fabrique…
TétrasLire met cet auteur incontournable de la littérature jeunesse à l’honneur dans son n°70 RIRE ET RUSE. Mais qui est vraiment Sophie Rostopchine, venue à l’écriture à l’âge d’être grand-mère, et dissimulant sous cette image d’aïeule un regard d’une grande modernité?
« Chère enfant, tu me dis souvent : “Oh ! grand-mère, que je vous aime ! vous êtes si bonne !” Grand-mère n’a pas toujours été bonne, il y a bien des enfants qui ont été méchants comme elle et qui se sont corrigés comme elle. » (Préface aux Malheurs de Sophie)
Un regard de grand-mère
Née à Saint-Pétersbourg, fille du Gouverneur général de Moscou, Sophie Rostopchine passe son enfance dans le grand domaine de sa famille en Russie. Elle arrive en France à 18 ans et se marie deux ans plus tard avec le Comte de Ségur. Le couple achète le domaine des Nouettes, en Normandie, qui rappelle à Sophie les bois et les prairies de son enfance. Là, elle coule des jours heureux et accueille enfants et petits-enfants. Pour eux, elle commence à écrire des contes et de petits récits où les aventures se mêlent aux leçons d’éducation. Le Comte de Ségur perçoit très vite le talent de sa femme. Elle commence ainsi à 57 ans une carrière d’écrivain.
Une collection à succès
Le Comte de Ségur a des relations dans le monde des chemins de fer, qui sont alors en pleine expansion. Il rencontre Louis Hachette, qui cherche à créer des collections de littérature jeunesse pour les kiosques de gare. Les romans de la Comtesse de Ségur lui plaisent immédiatement, il en fait une collection, la fameuse « Bibliothèque rose », qui accueillera par la suite de nombreux auteurs célèbres. Le succès est immédiat : les romans de la Comtesse de Ségur séduisent les jeunes lecteurs par leur vivacité. Le sens de l’observation de la comtesse, qui s’astreint à n’écrire que des choses vues, lui permet de créer des personnages réalistes, au caractère attachant. Ses dialogues reproduisent à merveille le raisonnement et l’inventivité des enfants.
Un bon petit diable : Divertir et éduquer
La Comtesse de Ségur dédie le livre à sa petite-fille Madeleine.
« Ma bonne petite Madeleine, tu demandes une dédicace, en voici une. […] Je t’offre donc Le Bon petit Diable escorté de sa Juliette, qui est parvenue à faire d’un vrai diable un jeune homme excellent et charmant, au moyen de cette douceur, de cette bonté chrétienne qui touchent et qui ramènent. Emploie ces mêmes moyens contre le premier bon diable que tu rencontreras sur le chemin de ta vie. »
Dès les premières lignes, elle indique clairement que ses contes doivent servir non seulement à distraire ses jeunes lecteurs, mais aussi à leur montrer la voie de la sagesse. Les personnages progressent toujours vers la bonté grâce à l’exemple de la douceur et de l’amour plutôt que sous la contrainte et les punitions.
N°70. Rire et ruse
Comtesse de Ségur, Un bon petit diable (extraits choisis)
Illustrations : Éric Puybaret
Charles est orphelin et, pour son plus grand malheur, il a été confié à la mère Mac’Miche, une vieille femme avare et méchante. Heureusement, avec la complicité de la bonne et le soutien de ses cousines, il déploie ruses et malices pour affronter en riant les vexations et les injustices.
En plus dans ce numéro : un dossier pour plonger dans l’univers des prestidigitateurs, une rencontre magique avec Eric Antoine, magicien loufoque, des idées de saison pour lire et sortir à la faveur du mois de janvier, et un conte espiègle illustré par Éloïse Scherrer !