Dans la collection TétrasLire, Eloïse Scherrer jongle avec talent entre les fables de La Fontaine et les chevaliers de la Table Ronde, elle passe avec aisance d’une histoire de dragon à un conte espiègle de fou du roi… Poussez avec nous les portes de son atelier.
Un parcours émaillé de rencontres
Eloïse Scherrer s’est formée sur les bancs de l’école Penninghen à Paris. Elle pense alors faire carrière dans l’animation, un domaine qui l’inspire énormément.
Elle fait sa thèse de fin d’étude sur Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle, qu’elle contacte à cette occasion. Cette rencontre est déterminante. Une fois diplômée, elle tombe sans l’avoir voulu dans la marmite de l’édition jeunesse en illustrant La Bulle, un texte que Timothée de Fombelle a écrit spécialement pour ses crayons. Cette première collaboration l’amène à d’autres rencontres : elle collabore avec Erik L’Homme ou Fabrice Colin pour créer des albums aux univers oniriques.
Pour faire plus ample connaissance, nous lui avons posé 3 questions.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Mes inspirations sont multiples, mais il y a tout de même une source à laquelle je reviens toujours. La découverte du travail de John Howe sur le Seigneurs des Anneaux de Tolkien, a été le déclencheur de mon envie de dessiner et continue d’alimenter mon inspiration. Je lui dois beaucoup de mes compositions, de mes ambiances colorées. C’est un univers celtique, médiéval, chargé de mystère, que j’ai retrouvé en illustrant la Légende du roi Arthur pour le numéro Excalibur.
Mes autres inspirations sont aussi bien des illustrateurs anciens, comme Ivan Bilibin, Arthur Rackham, mais aussi des illustrateurs de l’âge d’or américain comme N.C. Wyeth, Dean Cornwell, J. C. Leyendecker.
Parmi mes contemporains, je trouve assez peu d’inspiration dans l’illustration jeunesse, et bien plus chez les concept artists du monde de l’animation et du cinéma. Je pense notamment à Peter de Sève, Carter Goodrich ou Nathan Fowkes. On me dit souvent d’ailleurs qu’il y a quelque chose de cinématographique dans la manière dont je compose mes illustrations.
En réalité, il n’y a pas que les artistes qui m’inspirent.
Je constitue de très nombreuses planches d’images de référence : le monde du vivant est d’une richesse inouïe ! Sans compter qu’internet permet de voir très facilement les plantes les plus étonnantes, les animaux les plus bizarres… Chesterton dit d’ailleurs que la Création a l’air d’un monde qui n’existe pas, tant elle regorge de créatures improbables.
C’est ce que j’essaie de faire comprendre aux enfants quand je leur parle de mon métier : inspirez-vous de la nature, elle est plus foisonnante, plus étonnante que tout ce que vous pourrez trouver sous le crayon d’un illustrateur ou dans les pages d’un manga !
Quelle est votre technique ?
Je crée mes images avec une technique mixte de dessin traditionnel et de peinture digitale.
Concrètement, je commence toujours par dessiner de manière traditionnelle, au crayon sur papier. Ensuite, je scanne mon dessin et je pose la couleur grâce à une tablette graphique et un stylet, tout à fait comme de la peinture.
Je réalise des tirages d’art de mes illustrations, sur un papier de haute qualité, avec des encres pigmentaires et une imprimante Epson professionnelle. Cela me permet d’obtenir des grands formats avec un excellent rendu des couleurs.
Avez-vous des rituels de travail ?
Mon seul vrai rituel, c’est le café du matin !
Mais je suis très sensible aux ambiances. J’ai besoin d’un silence absolu quand je conçois mes images. Quand je passe à la réalisation, j’ai en revanche besoin de me plonger dans un univers. C’est le moment où j’écoute beaucoup de musique : des musiques de films surtout, parce qu’elles racontent des histoires, elles portent l’imagination.
Souvent aussi, je me plonge dans des ambiances sonores. Il y a un site que j’aime beaucoup, créé par un ingénieur du son : mynoise.net. Il propose une bibliothèque d’enregistrements immense : nuit sous la tente, forêt nordique, jour d’orage, etc. J’écoute très souvent la marche dans une forêt d’automne, qui porte mon esprit quand je travaille : chants d’oiseaux, bruits de pas dans les feuilles, brindilles qui craquent, vent dans les arbres…
Je pense que pour mettre de l’émotion dans ses images, il faut en ressentir soi-même. Or les heures de la journée ont chacune des couleurs et des émotions. Tôt le matin, tard le soir, quand le monde dort, il est plus facile de faire abstraction des soucis du quotidien et de donner place aux émotions, à la poésie du monde, à la création.
Du crayonné au dessin fini, une longue recherche dans la composition, la mise en couleur, le travail sur les détails…
Eloïse Scherrer dans la collection TétrasLire
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