Découvrez l’auteur injustement oublié qui a signé les textes du TétrasLire n°59 !
Ce mois-ci, TétrasLire vous fait découvrir quelques contes gourmands tirés de l’œuvre prolifique de Paul Arène, un proche d’Alphonse Daudet et de Frédéric Mistral, passionnément engagé comme eux dans la défense de la langue d’Oc, ce parlé chantant et imagé qui sied si bien aux récits des petites joies du quotidien.
Un Provençal à Paris
Né à Sisteron dans les Alpes de Haute-Provence, Paul Arène est fortement marqué par la lumière de Provence, et par ses habitants à la fois rudes et joyeux. Après une licence en philosophie, il devient maître d’études et quitte son pays de rocailles et de soleil pour Paris. Là, il s’essaie à la littérature et au journalisme et fréquente les cafés littéraires. Il y rencontre notamment Alphonse Daudet et Frédéric Mistral, Provençaux comme lui. Les étés passés à Sisteron sont des trouées de soleil dans la grisaille parisienne. L’été 1868, à 25 ans, il écrit dans son bastidon de la Cigalière son premier roman, Jean-des-Figues, qui le fait largement connaître. Sisteron y prend le joli nom de Canteperdrix et l’ouvrage est largement inspiré des souvenirs du jeune homme. Il vit désormais de sa plume et compose de nombreux contes, nouvelles et chroniques qui paraissent dans les journaux.
Un fervent défenseur de la langue provençale
Paul Arène collabore avec Alphonse Daudet à l’écriture de chroniques provençales qui sont une ébauche des célèbres Lettres de mon moulin. Il fonde un Félibrige parisien, frère du Félibrige qu’anime Frédéric Mistral près d’Aix-en-Provence. Ces deux groupes d’écrivains s’engagent pour la défense de la langue et de la culture provençales. En opposant la ville à la campagne, Paris à la Province, mais aussi le progrès industriel aux humbles outils et au savoir-faire des paysans, Paul Arène veut montrer que le bonheur réside dans les petites choses, dans la sobriété des besoins, dans les joies simples. Vers la fin de sa vie, il passe de plus en plus de temps en Provence, et finit pas s’installer à Antibes, où il meurt en 1896, à sa table de travail, le front posé sur un conte inachevé.
Les Contes de Paris et de Provence : de petites cartes postales du Sud
Pour Paul Arène, qui vit la plupart du temps à Paris, le bonheur coule en Provence. Il pense que les Méridionaux sont particulièrement doués pour vivre heureux au jour le jour. Chacun de ses contes est donc est une petite leçon de simplicité. Ses personnages sont typiques : pêcheur de Marseille, veuve vivant seule dans les collines, petits galopins espiègles, vantard sympathique… Et le repas occupe bien entendu une place de choix dans ses contes : moment de convivialité, d’hospitalité, partage d’un temps entre amis, le repas est l’occasion de donner le meilleur de soi-même, avec générosité.
Du bonheur à grignoter
Les personnages des contes de Paul Arène sont heureux, non pas d’avoir fait fortune ou de s’être couverts de gloire, mais de posséder le peu qu’ils ont et qui leur suffit. Dans ce pays de Cocagne qu’est la Provence, l’or ne se trouve pas en lingot, mais il se met en bouteille et en pot : l’or liquide de l’huile d’olive, l’or épais du miel de thym, l’or parfumé d’un bouillon aux herbes… Pour Paul Arène, la gourmandise est une façon de croquer la vie à pleines dents, de se régaler de l’instant présent, sans penser au lendemain.
À Sisteron, la tombe de Paul Arène porte une inscription en langue provençale :
jeu m’en vau l’amo ravido [je m’en vais l’âme ravie]
d’agué pantaïa ma vido [d’avoir rêvé ma vie]
Paul Arène dans la collection TétrasLire
N°28 BONHEUR
Paul Arène, Les Clous d’or et autre contes
Illustrations : Quitterie de Castelbajac
Sous le ciel bas de Paris, Paul Arène ferme les yeux et se souvient : les collines de Sisteron brûlées de soleil, le cri assourdissant des cigales, les raisins grappillés dans les vignes… Alors il prend sa plume et écrit des histoires de sa Provence bien-aimée, où le bonheur coule de source.
En plus dans ce numéro : un dossier pour découvrir les petites recettes du bonheur, des jeux, des bricolages, deux recettes pleines de joie et un conte philosophique.
N°59 GOURMANDISE
Paul Arène, Contes de Paris et de Provence
Illustrations : Estelle Meyrand
Une bouillabaisse sans poisson, un civet sans lièvre, du miel et des pâtisseries pour quatre sous, voilà les gourmandises toutes simples que Paul Arène nous propose de partager avec lui.
En plus dans ce numéro : un dossier pour tout savoir sur l’histoire du goût, des recettes pour organiser un anniversaire très gourmand, et la fable de La Fontaine, Le Héron, illustrée par Arnaud Madelénat
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