Focus sur cette femme de lettres oubliée, auteur d’une œuvre éducative originale.
Une formation d’enseignante
Instruite à la maison d’éducation des Dames d’Ernemont, à côté de Rouen, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont y reçoit une instruction soignée. Cette congrégation religieuse est engagée dans l’éducation des jeunes filles pauvres et dans la formation d’institutrices. Jeanne y passe 10 ans, pendant lesquels elle commence à faire gratuitement la classe à des fillettes pauvres. Cette expérience la marque profondément et elle garde ce goût d’instruire jusqu’à la fin de sa vie. Quand elle quitte les Dames d’Ernemont en 1735, elle s’installe à Lunéville, à la cour de la duchesse de Lorraine, qui lui confie l’éducation de ses filles.
Bonheurs et malheurs d’une femme de lettres
C’est là qu’elle rencontre le marquis de Beaumont, qu’elle épouse en 1743. Ce mariage malheureux est annulé deux ans plus tard et Jeanne-Marie quitte la France pour l’Angleterre. Forte de son expérience d’enseignement, elle devient préceptrice pour des familles de la noblesse londonienne. Ses méthodes sont étonnantes : elle est consciente de l’importance d’enseigner en amusant, pour distraire ses jeunes élèves des matières scientifiques qui prennent une grande importance en ce siècle des Lumières. Elle écrit donc des dialogues imaginaires entre des enfants et leur gouvernante pour expliquer des points de morale, elle alterne ces leçons de vie avec des contes célèbres qu’elle réécrit à son idée. Ces textes, qu’elle ressemble en de nombreux recueils appelés Magasins (l’ancêtre du magazine), font d’elles une pédagogue reconnue, la plus marquante du XVIIIe siècle.
Du même auteur, on peut lire :
La Belle et la Bête, un des contes les plus célèbres de Madame Leprince de Beaumont, qui a été de nombreuses fois adapté en dessins animés et en films. Ce conte fut d’abord écrit par Gabrielle de Villeneuve, mais c’est la version de Mme Leprince de Beaumont qui est restée dans les mémoires !
Étonnant !
Au XVIIIe siècle, l’expression « des nèfles » ou « des noisettes » signifie « trois fois rien ». La fée aux nèfles est donc une fée de rien du tout, dont la magie se résume souvent à donner de bons conseils, pleins de bon sens.